Rétrospective Nicole et Félix Le Garrec en lien avec
En présence de Nicole Le Garrec
Petite restauration à partir de 19h00
14h00 : Courts-métrages : 4 € / 2€ (étudiant, demandeur d‘emploi)
Suivi d’un échange avec Nicole Le Garrec et d’une discussion sur son parcours de cinéaste engagée.
– Mazouté aujourd’hui, de Nicole Le Garrec (France • 1978 • 28 minutes)
Comment restituer la vérité d’une catastrophe telle que le naufrage de l’Amoco Cadiz en mars 78 ? Le film est centré sur ceux que l’on n’a pas beaucoup entendus sur les ondes et qui furent pourtant directement touchés par cette marée noire. Dès l’annonce de l’accident de l’Amoco Cadiz et le déferlement du mazout sur le littoral, la population locale se mobilise pour essayer d’enrayer le désastre avec les moyens du bord : poubelles, rateaux, pompes à lisier, etc…Mais la colère éclate, car c’est la quatrième marée noire en quelques années. Que fait le gouvernement ? Pourquoi ne tient-il pas ses promesses ? Qu’est-ce que ce plan Polmar, décrété par des gouvernements incompétents, qui propose des solutions coûteuses et inefficaces ?
– La langue bretonne (France • 1976 • 29 minutes)
Le diaporama donne la parole à un large échantillon de personnes pour qu’elles témoignent sur le Breton. Ceux qui n’ont jamais appris le Français et dont le Breton a été l’unique langue durant toute une vie. Ceux que l’école a obligé à parler Français. Ceux qui cherchent à apprendre la langue bretonne et les enseignants. Comment s’est fait le passage du Breton au Français, comment les enfants peuvent-ils apprendre le Breton en 1976?
– Pierre-Jakez Hélias, l’émerveilleur (France • 1996 • 27 minutes)
Portrait de Pierre-Jakez Hélias, depuis ses lieux d’écriture de la baie d’Audierne, à coup d’anecdotes savoureuses, l’auteur du Cheval d’orgueil nous livre le meilleur d’une civilisation paysanne qui s’articule autour de la parole du conteur.
17h00 : La Folle de Toujane – Comment on devient un ennemi de l’intérieur. Réalisé par Nicole Le Garrec, René Vautier (France • 1974 • 2 h 10 min. • 4€ / 2€ (étudiant, demandeur d‘emploi))
Suivi d’un échange avec Nicole Le Garrec
Les itinéraires de deux amis d’enfance, Roger, instituteur, et Gwen, animatrice de radio. Le premier est en Tunisie pour « propager » la culture française. Il assiste aux indépendances tunisienne et algérienne tandis que son amie mène une vie monotone à Paris. À la fois une histoire d’amour : deux jeunes qui se plaisent, s’aiment et vieillissent séparément parce que la vie, le boulot, les autres, les séparent et les rendent différents. Et une histoire politique : une fille qui accepte de s’intégrer dans un système et un gars qui refuse jusqu’à en crever. Et aussi une histoire de peuples qui se réveillent, qui se retrouvent, au besoin en faisant craquer un système.
20h30 : Quand tu disais Valéry. Réalisé par Nicole Le Garrec, René Vautier (France • 1976 • 2 h 05 min. • 4€ / 2€ (étudiant, demandeur d‘emploi))
Présentation de Nicole Le Garrec
Une des premières délocalisation (en France)
Divisé en cinq volets, ce film retrace la longue grève des ouvriers de l’usine de fabrication de caravanes Caravelair à Trigniac, près de Saint Nazaire, guidés par les syndicats C.G.T. et C.F.D.T.
Le film tourné en 1975, réussit l’étrange pari d’être produit entièrement par des producteurs ouvriers – ils furent 15 000 à payer leur place d’avance – et d’être amorti, et même bénéficiaire, par la seule diffusion hors circuit commercial.
Née le 29 mai 1942 à Plogastel Saint-Germain (Finistère), Nicole Le Garrec est une technicienne de la photo et du cinéma puis cinéaste de la Bretagne avec son mari Félix Le Garrec, photographe.[…]
Les années 1968 vinrent bousculer cet équilibre traditionnel. Nicole et Félix Le Garrec vendirent leur magasin et se lancèrent dans l’audiovisuel. Avec René Vautier, ils fondèrent en 1969 l’UPCB (Unité Production Cinéma Bretagne) qui avait pour ambition de développer un cinéma profondément ancré dans la région. La première collaboration de Nicole Le Garrec et René Vautier se fit autour de la réalisation de Mourir pour des images (1971), évocation du chef-d’œuvre documentaire de Raymond Vogel tourné à l’île de Sein, La Mer et les Jours (1958) pendant lequel l’assistant réalisateur, Alain Kaminker (frère de Simone Signoret), se noya. Nicole Le Garrec fut de plus scripte sur Avoir vingt ans dans les Aurès en 1972 puis co-réalisa avec Vautier, en Tunisie et en Bretagne, La Folle de Toujane, sorti en 1974, et dans lequel ses parents improvisent plusieurs scènes en breton. En 1975, elle participa également à la réalisation de Quand tu disais Valéry, soutenu par le centre de culture populaire de Saint-Nazaire (à majorité CGT). Ce documentaire retrace deux années de grève et mobilisation des ouvriers de l’usine de fabrication de caravanes Caravelair, à Trignac (Loire-Atlantique), menées par une intersyndicale CGT-CFDT.Nicole Le Garrec réalisa aussi, à partir des photographies de son mari, plusieurs diaporamas sonores sur la lutte contre le remembrement des terres en Bretagne, la langue bretonne ou encore les ardoisiers de Comana dans les Monts d’Arrée. Au début des années 1970, le couple diffusa ces diaporamas dans toute la Bretagne, dans des cafés, des églises ou en plein air, devant un public nombreux et passionné. Hormis celui sur la langue bretonne, ces diaporamas sont aujourd’hui introuvables. Le
renouveau régionaliste et leur pratique artistique amenèrent de plus Félix Le Garrec à réaliser d’ambitieux diaporamas pour les concerts et spectacles du musicien et chanteur Alan Stivell lors de ses tournées en France et en Europe.
En 1971, Nicole et Félix Le Garrec achetèrent une vaste ferme dans la campagne de Plonéour-Lanvern, au lieu-dit Kerlamen, qu’ils rénovèrent et qu’ils équipèrent d’une salle de projection, d’un studio et d’une salle de montage. Cette « ferme-cinéma » devint l’un des épicentres du renouveau du cinéma en Bretagne durant les années 1970 et 1980. S’y croisèrent des paysans travailleurs actifs dans la grève du lait, des réalisateurs et des comédiens, des critiques et techniciens du cinéma de passage à Quimper ou des musiciens tels Alan Stivell, Dan Ar Braz et Gilles Servat. La ferme cinéma de Kerlamen accueillit Juliet Berto, Bertrand Tavernier, Paul Grimault ou Michel Ciment et le couple entra en amitiés avec Alexandre Trauner, Jean Aurenche et Jacques Demy.
En 1977, Félix et Nicole Le Garrec s’éloignèrent de l’UPCB (qui ferma définitivement ses portes en 1981) et créèrent leur propre société de production Bretagne Films au sein de laquelle Nicole réalisa plusieurs documentaires, avec Félix à l’image : Diwan (1977) sur les écoles Diwan, Mazoutés aujourd’hui… (1978) sur le naufrage de l’Amoco Cadiz, et Le Santik Du (1979), chronique d’un mois de vie des pêcheurs à bord d’un thonier-ligneur.En 1980, Nicole Le Garrec réalisa Plogoff, des pierres contre des fusils, consacré aux six semaines de lutte contre l’installation d’une centrale nucléaire dans le petit village de la Pointe du Raz. Réalisé sans véritables moyens et avec une équipe réduite (Félix Le Garrec à l’image, Jacques Bernard au son, Nelly Quettier et Claire Simon au montage), Des pierres contre des fusils trouva un distributeur et sortit en salles. Le succès de ce documentaire qui privilégie l’engagement des femmes dans la lutte, fut immédiat et de longue durée. Après un triomphe au festival de Douarnenez, plus de 100 000 spectateurs découvrirent ou revécurent une lutte emblématique de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Suite à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le projet d’installation d’une centrale nucléaire dans le sud-Finistère fut définitivement abandonné.
Toujours dans le sillage de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et dans le cadre des lois sur la décentralisation, cinq ateliers régionaux cinématographiques furent créés en 1983. Félix Le Garrec fut nommé directeur de l’Arc Bretagne à Quimper et Nicole, qui y fut bénévole pendantune décennie, y réalisa plusieurs documentaires dont : Languivoa (sur la restauration d’une chapelle bigoudène, 1984), Ar C’hoari Ch’aloj (La galoche, co-réalisé avec Pol Tuner, 1987), Les Enfants dauphins (1990), La Porte du Danube (1993) et Pierre-Jakez Hélias l’émerveille
ur (1995). Nicole et Félix Le Garrec ont publié trois livres où Félix signe les images et Nicole le texte : Le Siècle des bigoudènes, Éditions Blanc Silex, 2000, Vivre et lutter pour des images, éditions Coop Breizh, 2001, et Témoins silencieux en baie d’Audierne, éditions Vivre tout simplement, en 2017. Nicole n’a jamais été membre d’un parti politique ou d’un syndicat, même si elle se rendait aux réunions du parti communiste avant son mariage. Son engagement dans le mouvement social est lié à la réalisation de films documentaires, parfois militants, et aux nombreuses manifestations auxquelles elle a participé. Elle a ainsi beaucoup contribué à l’essor de l’audiovisuel en Bretagne, grandement lié aux mobilisations sociales, écologistes et culturelles.L’association Les Amis de Nicole et Félix Le Garrec mène des actions de valorisation du fonds d’atelier de Nicole et Félix Le Garrec, et notamment de leur fonds photographique, mis en dépôt au Port-Musée de Douarnenez depuis juillet 2018. En février 2020, leur film Plogoff, des pierres contre des fusils restauré avec l’aide de leur fille Pascale, et le soutien du Centre national du Cinéma et de l’image animée (CNC), est ressorti en salle, Nicole le présentant devant un large public, comme à Quiberon au cinéma Le Paradis.
(Source : Périphérie)