« Edna » de Eryk Rocha
Brésil • 2021 • 64’, Documentaire, entrée 5€/3€ (16h30, Café Théodore, salle François Maspéro)
« À partir des années 1970, au milieu de la dictature militaire brésilienne, la politique d’occupation des terres dans la forêt amazonienne a créé d’innombrables conflits dans la région entre les paysans et leurs pourfendeurs. Cette guerre « qui ne finit jamais » est racontée par Edna qui a lutté auprès des paysan.ne.s pour repousser la menace d’une expulsion. Élevée uniquement par sa mère, arrêtée et torturée par les militaires, elle a survécu à cette vie de guérillas. À partir du journal intime de sa protagoniste et de ses relations entretenues avec ses ami.e.s, Eryk Rocha dresse le portrait magnifique de cette résistante. Irradiant chaque plan de sa présence, Edna habite avec force ce qu’il reste de sa terre. Ode au courage des femmes et à la puissance de la Nature, le film s’intéresse aussi bien aux destinées humaines qu’à l’histoire d’un territoire, les rendant ainsi inextricables. Enfin, dans une fin lumineuse, le film dépasse le passé et le présent pour tendre vers un futur rempli, malgré tout, d’espoir. » (Tom Bidou – Visions du Réel)
Médiapart : Cédric Lépine (Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux )(Voir l’article)
Alors que se délivre en voix off la portrait intime et politique d’une femme, des images magnifiquement composées en Noir & Blanc la saisisse en gros plans en même temps que la nature qui l’environne. Edna a traversé des années de lutte en Amazonie alors que durant la dictature brésilienne dans les années 1960 et 1970 n’a eu de cesse de multiplier les exactions pour chasser les habitants de leurs terres et de leurs lieux d’habitation.
La présentation des textes poétiques d’Edna Rodrigues de Souza en voix off dresse un patient portrait qui aboutit sur des cartons à la fin du film qui présentent le contexte historique dans lequel Edna a subi la torture de bourreaux à la solde du régime dictatorial restés impunis en raison d’une amnistie générale. Cette présentation permet d’offrir une appréhension d’Edna autour de ses mots et de sa présence avant de comprendre la situation historique dont elle a pu être l’une des victimes.
Jusqu’à nos jours, les hommes et les femmes qui luttent pour préserver leur environnement en Amazonie sont menacés. Eryk Rocha avec pudeur et un sens de la subtilité de la description politique offre un portrait d’une enthousiasmante force d’Edna Rodrigues de Souza et à travers elle, de toutes les femmes qui subissent l’oppression d’une société patriarcale incarnée à l’heure actuelle au Brésil par le fondamentalisme religieux et l’oppression des lobbys agroalimentaires dans le but de détruire l’environnement amazonien et ceux qui l’habitent. Un magnifique poème visuel bouleversant de forces politiques.
Fils du réalisateur Glauber Rocha et de l’artiste et cinéaste Paula Gaitán, Eryk Rocha est né le 19 janvier 1978 à Brasilia (Brésil). Il est réalisateur, scénariste, producteur, monteur et directeur de la photographie et a vécu dans plusieurs pays d’Amérique Latine.
Il fit des études de cinéma à l’école San Antonio de Los Baños, à Cuba, où il réalisa Rocha Que Voa (2002), son premier long métrage, sélectionné dans divers festivals internationaux, parmi lesquels Venise, Locarno, Montréal, Rotterdam et La Havane. Il fut récompensé du Prix du Meilleur film au festival international É Tudo Verdade, ainsi qu’à CineSul, du prix Coral Saul Yelin du Festival Internacional del Nuevo Cine Latinoamericano de La Havane et enfin du Prix du Meilleur premier film au festival de Rosario, en Argentine.
En 2004, Eryk Rocha réalisait le court métrage Quimera, qui fut sélectionné en compétition officielle à Cannes (2004) et participa à divers festivals au Brésil et à l’étranger et reçut le Prix du Meilleur court métrage au Festival International de Montevideo et au Festival de Belém, au Brésil.
En 2006, Intervalo Clandestino, son deuxième long métrage, est sélectionné notamment à Montréal, Montevideo, Guadalajara et au Festival dei Popoli (Florence, Italie). En 2010, Eryk Rocha sort Pachamama, projeté dans une quinzaine de festivals internationaux, et Prix du Meilleur long métrage documentaire à CinePort 2009.
La sortie commerciale de Transeunte, a lieu en 2011. Aux États-Unis, le film fut sélectionné au Telluride Film Festival. Il fut également projeté à Biarritz, Istanbul, La Havane, Guadalajara, Marseille, Vancouver, Amsterdam. À l’initiative du Filmmuseum de Düsseldorf, Transeunte fut projeté dans douze villes allemandes. L’Abraccine, association des critiques de cinéma brésiliens, le désigne comme le Meilleur long métrage de 2011. Son acteur principal, Fernando Bezerra, est élu Meilleur acteur de l’année par l’APCA, association des critiques de cinéma de São Paulo. Transeunte a en tout remporté vingt-cinq prix dans divers festivals.
Son documentaire Jards remporte, en 2013, le Prix du Meilleur réalisateur au festival de Rio. Son avant-première internationale eu lieu au MoMa (New York) et au Lincoln Center, à l’occasion du New Directors 2013. Il fut également projeté à IndieLisboa (Portugal), et à Mar del Plata (Argentine).
Son sixième long métrage, le documentaire Campo de Jogo (2015) fut sélectionné au London Film Festival, à CPH:DOX, au Fortnight Documentary Film Festival du MoMa de New York et à Cinélatino (Toulouse). Au Brésil, il participa à la Mostra de Cinema de São Paulo et au Festival de Rio. Campo de Jogo est sorti au cinéma au Brésil en juillet 2015, et aux États-Unis en décembre 2015.
Panorama du principal mouvement cinématographique d’Amérique Latine par le biais du témoignage de ses participants, Cinema Novo a reçu l’Œil d’or au Festival de Cannes et a notamment été sélectionné par le Festival Biarritz Amérique Latine et par les RIDM – Rencontres internationales du documentaire de Montréal. En 2021, son film Edna fait ses débuts au festival suisse Visions du Réel et au Festival du film de Pesaro.
Par le biais de sa maison de production Aruac Films, Eryk Rocha mène également des projets destinés à la télévision.
Une partie des films d’Eryk Rocha a été acquise par le MoMa de New York pour intégrer la collection permanente du musée.
(Source : dossier de presse du film Cinema Novo)