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Escale Jour 4 : « L’Étreinte du serpent » de Ciro Guerra

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    « L’Étreinte du serpent » de Ciro Guerra 

    Colombie-Argentine-Venezuela, 2015 • 124’ Fiction, entrée 5 € (11 h 00 : Café Théodore : salle François Maspéro)

    Karamakate, un chaman amazonien puissant, dernier survivant de son peuple, vit isolé dans les profondeurs de la jungle. Des dizaines d’années de solitude ont fait de lui un chullachaqui, un humain dépourvu de souvenirs et d’émotions. Sa vie est bouleversée par l’arrivée d’Evans, un ethnobotaniste américain à la recherche de la yakruna, une plante sacrée très puissante, possédant la vertu d’apprendre à rêver. Ils entreprennent ensemble un voyage jusqu’au cœur de la forêt Amazonienne au cours duquel, passé, présent et futur se confondent, et qui permettra à Karamakate de retrouver peu à peu ses souvenirs perdus.

    La forêt amazonienne, dans les années 40. Un chaman dont la famille a été massacrée, croise la route d’Evan, un botaniste… 

    Terra incognita encore aujourd’hui pour les Colombiens dont pourtant cette partie de l’Amazonie représente la moitié du pays, le « poumon du monde », vaste et impénétrable, est peuplé d’Indiens dispersés, aux modes de vie, langues et croyances que quelques explorateurs ont cherché à pénétrer. Parmi ces têtes brûlées de la connaissance de l’Autre, l’ethnologue allemand Theodor Koch- Grünberg et le biologiste américain Richard Evans Schultes ont laissé des journaux dont s’inspire le cinéaste Ciro Guerra pour réaliser un film inclassable, fascinant et envoûtant, sans équivalent dans le cinéma d’aujourd’hui. Tourné dans un noir et blanc lavé par les lueurs et les reflets de ce fleuve indomptable, l’Amazonie, et les contrastes d’une forêt-continent, L’Étreinte du serpent (présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes) impressionne par le récit et la maîtrise de la forme, au cœur d’une nature qui détient tous les secrets de l’univers. Cette plongée vers l’inconnu, le spectateur la ressent tout le long d’une traversée qu’il perçoit à travers le regard et les réactions des Indiens, dans un décor inviolé que le cinéma n’avait jamais montré sous cette forme. Comment ne pas songer à Claude Lévi-Strauss dans cette avancée initiatique ? Ciro Guerra raconte l’histoire épique des premiers contacts puis de la proximité, teintée de désillusions réciproques, entre un chaman amazonien, dernier survivant de son peuple, et deux scientifiques, à un demi-siècle d’intervalle, en quête de savoirs ancestraux. Le film suit cette longue dérive pour découvrir le langage des plantes, de l’eau, du soleil et des étoiles. Il décrit le passage de relais chaotique, avec transmission de connaissances qui ne peuvent s’éprouver que par l’expérience. Que ce soit celle de la loyauté ou celle des trésors cachés depuis la fondation du monde. Premier film de fiction tourné en Amazonie depuis 30 ans, premier film de fiction colombien ayant pour personnage principal un Indien, L’Étreinte du serpent est aussi le premier film raconté du point de vue des autochtones. Il traduit une notion du temps que nous ne connaissons pas. Loin de la continuité linéaire qui nous porte, de la naissance à la mort, les Indiens d’Amazonie le vivent comme une série d’événements qui ont lieu simultanément dans plusieurs univers parallèles. Ainsi, lorsqu’un deuxième explorateur arrive, un demi-siècle après le  premier, le voient-ils comme la même personne qui revient. Par-delà les stupéfiantes qualités de ce film qui donne par moments l’impression de voguer à l’intérieur d’un rêve ou d’un mythe, Ciro Guerra a voulu laisser une trace de ce savoir perdu afin qu’il subsiste dans la mémoire collective de l’humanité. – Jean- Claude Raspiengeas, La Croix

    Ciro Guerra est né à Rio de Oro (département de Cesar, Colombie) en 1981. Il a étudié à l’École de cinéma et de télévision de l’Université nationale de Colombie. À 21 ans, après avoir réalisé quatre courts-métrages, il écrit et réalise L’Ombre de Bogota. Ce premier film est sélectionné dans plus de 80 festivals. Son deuxième long-métrage, Les Voyages du vent, fait partie de la Sélection officielle Un Certain Regard du Festival de Cannes en 2009. En 2015, L’Étreinte du serpent est présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Tous ses films ont été choisis pour représenter la Colombie aux Oscars.

    Date et heure

    sam 8 juin 2024 : 23:00
     

    Type d’évènement

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